Amour

Publié le par Cedric De La Marge

 

 

Un bourdon (l'insecte, pas la cloche ... quoique ...) d'âge mur erre dans la campagne, survolant champs et prairies, désespérant de ne point trouver a butiner, lorsqu'au détour d'un près, notre ami tombe nez a nez avec un superbe parterre de fleurs des près, encore humides de la rosée matinale. Empli d'espoir, et d'une vigueur nouvelle, notre bourdon fond sur les jolies fleurs, des fantasmes butinatoires dans l'oeil. Mais il faut choisir une fleur. Elles sont toutes jeunes et jolies, mais toutes petites, de minuscules fleurs des près bleues, au milieu toutefois éclate de couleurs une petite orchidée, elles sont rares les orchidées, le passage d'un butineur est une chance pour la survie de cette solitaire, de son cote, le bon bourdon fonce faire son œuvre. Mais il a du mal a passer son corps épais entre les petales, afin d'atteindre l'etamine et le pistil, car la fleur juvénile est encore peu ouverte. De son cote, la petite orchidée ne peut faire mieux, et elle est triste de voir que le bourdon ne pourra peut être pas poleniser, et triste que le bon bourdon lui reproche sa jeunesse, elle est la, a un âge qui est le sien, et n'y est pour rien, contrairement a ce que le bourdon ronchon ressasse. Moralité : bourdon et orchidée ont besoin l'un de l'autre, mais ce besoin ne pourra aboutir sans qu'ils collaborent, oubliant leurs différences. Tout cela n'est bien entendu qu'allegorie, car l'orchidee peut attendre tranquillement une petite abeille, un syrphe, comme le bourdon grognon peut repartir en quête d'une fleur plus ample a même de lui permettre de butiner, et ainsi, de poleniser. Oui, c'est une allégorie. Mais que le bourdon aime cette fleur qu'il trouve si belle, et que l'orchidee est heureuse d'avoir vu ce bourdon prometteur. Une version paradoxalement moins poétique, si j'ose : Mignonne, allons voir si la rose A Cassandre Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté. Hummmmmm ... L'amour reste toujours plus mystérieux que tout. Et moi ... hummm ... J'entends ressasser des histoires de démon de midi, de crise de la quarantaine, je n'y suis pas encore tout a fait, mais on l'entendre tellement répéter, que de soi-même on finit par se méfier. Je suis un romantique, a l'ancienne, amoureux par dessus tout ... de l'idée d'être amoureux. Et souvent je rêve les yeux ouverts. Corto Maltese disait a Venise qu'ils sont dangereux, ceux qui rêvent les yeux ouverts, car ils finissent par mêler rêves et réalités. Oui, je suis amoureux d'une idée, et j'approche de la quarantaine, et je pense trop. Trop.

Publié dans Poésie De La Marge

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P
<br /> Texte sublime !<br /> <br /> (je pense qu'il aurait mérité d'avoir une mise en page plus aérée !)<br />
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A
<br /> <br /> Pensez et continuer à écrire de cette belle manière. Bourdonnez !<br /> <br /> <br /> <br />
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